Neil Chiquet, Directeur des plantations Ecuadorcolat (Équateur)
Habituellement plutôt discret, le cacao a marqué l’actualité à plusieurs reprises ces derniers mois du fait de l’envolée des cours en bourse. Si certains éléments conjecturaux ont pu participer à cette hausse (mauvaise météo, situation politique), il apparaît clairement que le problème est surtout structurel : après des décennies de prix trop bas, le constat est sans appel, nous assistons à un essoufflement de la production mondiale du fait de l’âge avancé des nombreuses parcelles et du manque d’investissement et d’entretien, entraînant un déficit de production par rapport à la consommation pour la troisième année consécutive.
Pour le moment, cette brutale augmentation des cours n’a pas encore entraîné de baisse de la consommation, car du fait des stocks, l’augmentation des prix, l’augmentation des prix n’a été que partiellement répercutée sur le consomme- mateur. Celle-ci devrait se poursuivre dans les prochains mois. Et il est fort probable que la répercussion de la hausse aux consommateurs, à laquelle s’ajoutent les autres augmentations de prix connues par le secteur ces dernières années (sucre, énergies, etc.), ou encore la distorsion du prix du beurre de cacao, finira par avoir un impact sur la consommation ; que ce soit par un baisse de la consommation du chocolat, ou une baisse de la demande de cacao par la modification des recettes de la part des acteurs industriels. Et donc à terme sur les crus du cacao.
Mais bien que la spéculation ait probablement exagéré la hausse des cours, un changement de paradigme apparaît comme inévitable afin de garantir la pérennité de la production mondiale de cacao, en permettant aux producteurs d’entretenir correctement leurs parcelles, et de vivre décemment de la culture du cacao ; qui plus est face à de nouveaux défis tels que le changement climatique ou les renforcements législatifs liés par exemple à la déforestation.